mercredi 4 mars 2009

Un monde sans eau

Tout sur les changements climatiques, la guerre pour l'eau est en vigueur depuis quelques années déjà...

En Australie, la sécheresse extrême qui sévit depuis 2002 et la rareté de l'eau ont favorisé la propagation d'incendies apocalyptiques dont celui qui a coûté la vie à 200 personnes, il y a deux semaines.
Source:Éric Moreault Le Soleil
(Québec) La nouvelle est passée inaperçue ici, mais ses implications toucheront bientôt tout le monde : Los Angeles manque d'eau. L'Australie aussi. Il ne s'agit pas, comme en Afrique ou en Asie, de manque de fonds et d'infrastructures, mais de pénuries qui risquent de devenir permanentes. Le XXIe siècle sera celui de l'eau ou ne sera pas. Le Québec doit-il s'en inquiéter?
Dans ce contexte, les pressions sur les réserves d'eau douce québécoises iront certainement croissantes. D'accord, les États-Unis n'envahiront pas le pays demain - les Chinois non plus. Mais attendez-vous à un intérêt renouvelé pour les Grands Lacs, la source du fleuve Saint-Laurent. Et comme cet incroyable écosystème, le cinquième des ressources d'eau potable mondiale, risque de pâtir d'un réchauffement climatique...La bonne nouvelle, c'est que le président Barack Obama semble déterminé à préserver les Grands Lacs. Son budget 2010 contient d'ailleurs une enveloppe supplémentaire de 475 millions $ pour réhabiliter les cinq mers d'eau douce : décontamination des sédiments, réduction des sources de pollution et barrière aux espèces envahissantes.
Mais Obama sera là au maximum huit ans. L'explosion de la population, l'exploitation agricole et industrielle maintiennent une pression croissante sur les ressources mondiales d'eau potable (3 % de l'eau de la planète). L'homme en utilise actuellement la moitié.
Bien que l'eau soit, en théorie, une ressource renouvelable, des changements dans l'exploitation et la dégradation de sa qualité (pollution aux pesticides, sulfates, métaux lourds, pétrole, etc.) va rendre son traitement plus ardu et dispendieux, prévient le rapport annuel du Pacific Institute, en Californie.
Les répercussions sont déjà tangibles dans les États américains de la côte Ouest. «Les pénuries d'eau se transforment en réalités permanentes», a déclaré le maire de L.A., Antonio Villaraigosa. Des décennies de gaspillage et de croissance illimitée ont fini par empêcher le renouvellement de la ressource. Un nombre croissant de scientifiques pointent aussi les changements climatiques qui font diminuer les couverts glaciers en montagne et assèchent les rivières comme la rivière Colorado, à moitié de son débit normal.
En Australie, la sécheresse extrême depuis 2002 et la rareté de l'eau ont favorisé la propagation d'incendies apocalyptiques qui ont causé la mort de plus de 200 personnes, des dommages considérables à la nature et plus de 2 milliards $ de dégâts, il y a deux semaines. «Il s'agit d'un signal d'alarme sur les changements climatiques», ont écrit les pompiers australiens au premier ministre en l'invitant à des actions plus musclées de lutte au gaz à effet de serre (GES). Sinon, disent-ils, il y aura des catastrophes à répétition.
Changements climatiques ou pas, on comprend leur stress : l'Australie manque cruellement d'eau. En ce moment, les trois quarts des 4000 puits nationaux gaspillent 90 % de l'eau par évaporation en raison de la chaleur.
Mais si on pompe trop, la pression artésienne diminuera au point où l'eau ne remontrera plus à la surface de façon naturelle. Il faudra alors puiser mécaniquement, ce qui augmentera les émissions de GES. On appelle ça un cercle vicieux.
Alors imaginez dans les pays émergents où technologie et financement front cruellement défaut. Les risques de violence, voire de guerre, iront croissant. Selon Dan Smith, de l'organisme International Alert, «l'eau est une condition essentielle à la vie. Sa disponibilité et sa qualité sont fondamentales pour toutes les sociétés. Il y a des endroits (Afrique de l'Ouest, Népal, Bangladesh, Inde, Pérou) où des changements majeurs aux rivières génèrent un risque significatif de conflits.»
Pas convaincu? Une analyse de 8000 guerres au cours des 500 dernières années révèle que le manque d'eau est une cause majeure de déclenchement de conflit. Sans parler des crises sociales appréhendées, notamment en Chine, où pollution et croissance effrénées sont les ingrédients de base d'un cocktail explosif.
L'eau émergera bientôt comme un problème géopolitique prédominant. La volatilité des prix de la nourriture en 2008 en est un signe avant-coureur. En plusieurs endroits, nous avons constamment sous-évalué la valeur de l'eau, entraînant gaspillage et surutilisation. Nous sommes à la veille d'une banqueroute, sans moyen de rembourser. En plusieurs endroits, les conséquences pour l'économie et la stabilité politique seront sérieuses.
Ce n'est pas moi qui le dis. Ni Greenpeace. Ni l'ONU. Qui, alors? Le Forum économique mondial de 2009...
Le plan Obama pour les Grands Lacs : http://www.jsonline.com/news/wisconsin/40357712.html
Le Pacific Institute : http://www.pacinst.org/topics/water_and_sustainability/
La planète manque d'eau : http://www.timesonline.co.uk/tol/news/environment/article5562906.ece
Le rapport du Forum économique mondial : http://www.oieau.org/documentation/spip.php?article680

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