Lorsque j'étais militaire en Allemagne, nous sommes parti en Croatie pour faire respecter le cessez le feu sous l'égide des nations-unies, cette croyance était utopique en 1992, l'ONU était déjà sur un déclin et sa puissance presque nulle. Aujourd'hui, l'ONU n'a plus aucun pouvoir contre les artisans des conflits armés dans le monde et est peu utile pour faire respecter la paix dans le monde.
Voici sur cette photo un des TTB M113 à l'aéroport de Sarajevo en juillet 1992, ou j'ai passé 6 mois à les réparer parfois par des miracles malgré l'usure de ces vieux véhicules blindés. Le texte qui suit est authentique. Les évènements décrits, moi je fesais parti de ce groupe de bataille, alors comme chef d'équipe mécano sur un TTB ARVL, nous avons souvent passé très proche de devoir combattre sous les ordres du Colonel Jones. Nous avions confiance en son jugement et nous étions prêt à combattre si la situation avait dégénéré. Il est vrai que durant la route vers Sarajevo qu'un 30 minutes d'avis avait été donné au colonel Serbe, Lorsque l'ordre nous fut donné d'armée nos armes et d'être prêt à tirer sur les Serbes, nos tireurs d'élites avaient en joue le colonel Serbe et nous devions forcer le barrage et passer de force, comme des robots nous étions prêt à nous battre pour survivre, c'était comme tomber à l'eau il faut nager, heureusement 5 minutes avant cette affrontement, le Serbe à reculer et a ouvert la route de Sarajevo...
Source: Magazine TABARET, Université d'Ottawa
Ex-Yougoslavie, 1992.
Les nouveaux pays que sont la Bosnie et la Croatie sont déchirés par des guerres civiles entre Serbes, Croates et Musulmans. Une trentaine de pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dépêchent sur le terrain des troupes qui participent aux opérations de maintien de la paix, mais la campagne connaît peu de succès, et les cessez-le-feu sont continuellement interrompus. C’est dans cette poudrière que sera envoyé un bataillon canadien qui, d’abord chargé de maintenir la paix, se verra bien vite obligé de défendre ses propres effectifs...
Au Canada, nos soldats sont perçus comme les « boy scouts du monde », selon Serge Durflinger, professeur d’histoire à l’Université d’Ottawa. « La population a souvent l’impression que nous ne faisons pas la guerre, que nous sommes un pays pacifiste, que l’armée sert seulement à des fins onusiennes. » C’est pourquoi le professeur Durflinger s’intéresse autant à certains temps forts de la campagne en ex-Yougoslavie : elle a démontré à quel point l’armée canadienne s’expose parfois à de graves dangers.
Forte présence
Au printemps 1992, alors qu’elles s’affairent à la fermeture de leurs bases rendues désuètes par la fin de la guerre froide, les Forces canadiennes installées dans le sud de l’Allemagne se voient investies d’une mission de reconnaissance sur le vieux continent.
C’est ainsi que le lieutenant-colonel Michel Jones et son contingent, composé du 1er bataillon du Royal 22e Régiment (les « Vandoos ») et de certaines unités du Régiment canadien royal, se retrouvent à Daruvar, en Croatie. La région est alors « un des points les plus chauds, un secteur vital pour la stabilité politique, nécessaire pour que les négociations politiques prennent place », explique Michel Jones, qui a obtenu un baccalauréat en science politique de l’Université d’Ottawa en 2001 est qui est aujourd’hui brigadier-général, en poste à Ottawa.
Là-bas, ils établissent de nombreux points de traversée le long de la ligne de feu et en viennent à démilitariser complètement le secteur. « Notre présence a vraiment fait une différence, se rappelle le brigadier-général. Après trois semaines seulement, il n’y avait plus de soldats dans les rues, et la vie normale reprenait son cours parmi les ruines. »
Heureusement, les Forces canadiennes avaient insisté pour emmener avec elles plus de véhicules, d’armes et de munitions que la quantité recommandée par l’ONU. En effet, c’est par des démonstrations de force que Michel Jones et ses soldats cherchent à dissuader les belligérants d’engager les combats. « Ils voyaient que nous étions sérieux », rapporte simplement le brigadier-général. Cet effet de dissuasion est aussi amplifié par le déploiement d’équipes de liaison vivant en permanence avec les forces belligérantes. « Les hommes dormaient et mangeaient ensemble, ils ont développé des relations interpersonnelles qui facilitaient les échanges et la coopération », ajoute-t-il en qualifiant le concept d’innovateur.
À la fin du mois de juin 1992, la visite-éclair à Sarajevo du président français François Mitterand précipite l’ouverture de l’aéroport, alors sous contrôle serbe. « La ville était entourée, il y avait des bombardements dans les collines environnantes; la population souffrait énormément, entre autres du manque de vivres et de combustible », dépeint le professeur Durflinger. Le major-général canadien Lewis Mackenzie, qui supervise à ce moment-là les forces de l’ONU en ex-Yougoslavie, a besoin de troupes solides afin de libérer l’aéroport et d’en assurer la sécurité. Il fait donc appel au bataillon canadien déployé depuis trois mois à Daruvar, à plus de 300 kilomètres au nord de la capitale bosniaque.
Départ le 30 juin. Bien que les quelque 725 soldats déployés et leurs 300 véhicules chargés de mitrailleuses et de missiles antichars s’étendent sur des dizaines de kilomètres, quelques heures devraient suffire au trajet. Le brigadier-général Jones espère d’ailleurs que le contingent arrive à bon port le 1er juillet – ce qui permettrait de marquer avec éclat le 125e anniversaire de la Confédération canadienne.
Cependant, malgré une excellente coopération des hautes hiérarchies militaires serbe et bosniaque, les troupes sont stoppées à un barrage routier à quelque 120 kilomètres au nord-ouest de leur destination par un « chef guerrier serbe » dont le brigadier-général préfère oublier le nom... Le Serbe, dans un état d’ébriété avancé et entouré de 200 à 300 soldats, les empêche de passer. Et Michel Jones sait que forcer le passage provoquerait un bain de sang, son convoi n’ayant ni la concentration de force, ni la liberté de mouvement, ni la connaissance du terrain nécessaires pour éviter un fiasco.
Demi-tour. Après un retrait de 30 kilomètres et une nuit d’attente, le brigadier-général considère qu’il a suffisamment perdu de temps. Ses hommes et lui retournent voir le commandant serbe qui, malgré sa sobriété, leur refuse toujours le droit de passage. Leurs négociations sont même interrompues par des tirs vers le convoi canadien.
Le brigadier-général Jones ordonne immédiatement le déploiement de ses tireurs d’élite et des véhicules armés. Il informe son interlocuteur qu’il dispose de 30 minutes pour leur ouvrir le chemin. Quand le Serbe appelle des renforts, Jones réduit son ultimatum à cinq minutes et « joue à fond la carte de l’ONU », lui rappelant qu’une attaque contre des forces onusiennes serait impardonnable aux yeux de la communauté internationale. Boutros Boutros-Ghali, alors Secrétaire général des Nations Unies, a d’ailleurs lancé une mise en garde dans les jours qui précèdent l’incident : si jamais des forces de la paix devaient être attaquées, une réplique militaire internationale pourrait suivre. L’avertissement a l’effet escompté. Le commandant récalcitrant les renseigne même sur l’emplacement de mines antipersonnel placées sur la route.
Les troupes canadiennes arrivent à Sarajevo le 2 juillet, « reçues à bras ouverts par la population », se rappelle le brigadier-général Jones. Le professeur Durflinger relate l’ampleur de l’événement : « C’était comme dans un western : la cavalerie arrive, les médias filment la scène. » Dès leur arrivée, les soldats se mettent au travail. Ils creusent des tranchées, ratissent les champs de mines, construisent un bunker afin d’y entreposer leurs armes. « Au bout de 24 heures, les avions ont recommencé à atterrir, et la distribution de l’aide humanitaire pouvait commencer », se félicite le brigadier-général.
Des gardiens devenus artisans de la paix
Il semble que les opérations militaires à but pacifique doivent aujourd’hui se plier aux exigences de l’art du combat. Il faut maintenant juxtaposer l’image bienveillante du maintien de la paix aux réels risques et dangers auxquels font face nos militaires lors de telles missions. Le brigadier-général Jones le concède : l’expérience vécue en Bosnie se rapproche de la guerre. Dans ses mémoires intitulées The Road to Sarajevo, dans lesquelles il raconte la campagne en ex-Yougoslavie, le major-général Lewis MacKenzie admet que « le peacekeeping onusien ne sera plus jamais le même ». Quelques années plus tard, le général Roméo Dallaire en viendra à la même conclusion alors qu’il assiste, impuissant, aux massacres rwandais.
Constatant la nouvelle instabilité mondiale causée par l’effondrement du bloc soviétique, Michel Jones ne peut nier l’émergence de « toute une gamme de situations auxquelles on doit adapter l’approche qui sera adoptée sur le terrain ». Il conclut sagement : « Le peacekeeping, c’est comme la vie, ça évolue... »
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