Sources: Tribune libre; La mendicité; plus ça change, plus c’est pareil, Article mis en ligne le 3 février 2009 http://www.leplateau.com/
La mendicité; plus ça change, plus c’est pareil
En cette fin de première décennie du nouveau millénaire, j’ai décidé de prendre une résolution. Ce que je ne faisais jamais auparavant, mais en 2009, je repars en neuf. C’est mon adage pour l’année. Mais qu’est-ce qui m’a poussé cette année à prendre cette décision? Le manque d’exercice, l’embonpoint? Non, pas du tout. C’est la mendicité sur l’avenue du Mont-royal. Je vis sur le plateau Mont-Royal depuis 17 ans et depuis quelques années j’y ai vu plusieurs changements positifs. Mais j’y ai également vu des changements plutôt négatifs. La mendicité entre autres. Montréal est en train de devenir la San Francisco de la mendicité. La majorité des grands axes commerciaux sont devenus les hauts lieux des affaires des mendiants. Cette situation qui est anormale pour une société telle la nôtre projette une drôle d’image de nous.Lorsque les touristes viennent visiter notre ville, ils sont choqués de constater le nombre effarant de sans-abri ou mendiants campés devant les commerces des artères achalandées de Montréal. Ce phénomène est très surprenant pour une ville nordique. Ces visiteurs doivent avoir des réflexions comme « La vie est dure au Canada » ou « On ne s’occupe pas de ces gens-là ici? » ou encore « On se croirait dans un pays émergent ». À mon avis, il y a une question à se poser : n’avons-nous pas assez de compassion ou encore avons-nous trop d’indifférence?L’incident qui m’a amené à prendre la résolution de cesser de me taire sur ce phénomène est survenu le 3 janvier dernier alors que j’entrais à la succursale de la SAQ de l’avenue du Mont-Royal au coin de Papineau. Le mendiant qui est toujours posté à la porte de cette SAQ depuis des lunes ne cesse d’expectorer devant l’entrée en plus de nous envoyer la fumée de sa cigarette au nez. Mais cette fois-ci, il s’est désenrhumé à environ 15 cm de mon visage. Et quand je dis se désenrhumer, c’est se racler la gorge. Vous savez ce roulement sonore qui provient du fond de la trachée faisant remonter les sécrétions de rhume de fumeur invétéré. Évidemment, j’ai eu un haut-le-cœur. Là, c’en était trop. Lors du retour à mon appartement, je me suis dit que c’est maintenant ou jamais que je fais parvenir le document historique sur la mendicité à Paris qui visait les vagabonds qui faisaient de la mendicité leur métier. L’an dernier, j’ai voulu l’afficher le long de l’avenue, mais… Voici un extrait de l’Édit contre les fainéants de Paris émis par le roi de France Louis XIV en 1700.On le voit bien, il y a 309 ans, même les autorités françaises avaient été interpellées par l’ampleur du phénomène de mendicité à Paris. Je ne soutiens pas ici qu’il faille voter une telle loi, c’est seulement afin de faire une analogie entre des événements qui se sont déroulés en 1700 et ceux d’aujourd’hui. Alors, pourquoi à Montréal en 2009 nos autorités devraient-elles laisser aller la pauvreté et la mendicité sans rien faire? N’y a-t-il pas des solutions afin d’enrayer ce phénomène qui est en constante progression? Je crois fortement qu’il faut agir le plus rapidement possible avant que la situation ne détériore davantage la qualité de vie des Montréalais et que plusieurs décident de quitter la « métropauvre ». Il ne faut surtout pas croire qu’en donnant quelques pièces de monnaie aux mendiants on leur vient en aide. On fait juste soulager notre culpabilité, et du coup, on condamne ces personnes à poursuivre leur « métier » de mendiant.
Claude Breault, Enseignant en univers social et guide accompagnateur
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